Didier Bilé
Biographie
Au départ, il y a une bande de petits étudiants. Grâce à des gestes désarticulés et des grimaces produits sur des rythmes issus du folklore traditionnel ivoirien, ils attirent très vite l’attention sur eux. Cette manière de bouger, ils l’appellent le zouglou. Un mot tiré du dialecte ivoirien baoulé: « O ti lê zouglou » ; traduisez « rassemblés comme des ordures » ! Malgré cette signification peu flatteuse, le sens de leur démarche artistique est très profond. Cette rythmique saccadée et cette danse à la gestuelle raide imagent en fait les difficultés rencontrées par ces jeunes dans un contexte estudiantin difficile où grèves et manifestations se succèdent.
Nous sommes en 1990 et le jeune Didier Bilé, fraîchement sorti bachelier en sciences du lycée de Grand-Bassam, une ville balnéaire au sud de la Côte d’Ivoire, ne rêve que d’une seule chose : rejoindre la capitale où est en train de naître un véritable phénomène de société: le zouglou. Arrivé à Yopougon, un quartier du sud d’Abidjan, il se met à composer des titres qui dénoncent les conditions déplorables dans lesquelles lui et ses camarades poursuivent leurs études. Le succès est immédiat et le premier album, autofinancé, s’arrache à plus de 90.000 exemplaires dans tout le pays.
Des tournées se mettent en place et Didier et son groupe, Les Parents du Campus Ambiance, se lancent dans une véritable marée médiatique qui n’a rien à envier aux autres artistes ivoiriens, tels que Alpha Blondy ou encore Meiway.
Didier Bilé s’installe très rapidement dans le paysage musical international avec des tournées africaines à guichets fermés (jusqu`à 15.000 personnes) et des concerts dans plusieurs pays d`Europe (France, Italie, Belgique, Allemagne…).
En somme, il est un artiste dans l`âme et lorsqu’on lui demande sa définition du zouglou, cet homme, que la bonne humeur ne semble jamais quitter, répond à la manière d`un vieux sage africain: « C’est d`abord un rythme et une danse. Elle est avant tout axée sur une réflexion philosophique que l’on a appelé la zougloutique… La zougloutique, sans faire de grand discours, c’est vouloir fraterniser les êtres et les peuples grâce au zouglou qui est à la fois son instrument et son ossature ».
Comme l’appellent ses fans de la première heure : « l’homme qui connait sa chose » a encore beaucoup à nous apporter à travers son art. Après tout et comme le dit un vieux proverbe de là-bas, n’est-ce pas la vocation de la musique que de toucher tout ceux qui peuvent l’entendre ? Didier Bilé l’a compris et nous invite à le suivre…
Note d’intention de Didier Bilé
« Depuis tout petit, j’ai toujours été celui qui égayait le groupe, une sorte de boute-en-train, celui qui apportait toujours la bonne humeur. Cela ne m’a pas quitté en grandissant et je dirais même que cela m’a beaucoup aidé dans la carrière musicale que j’ai embrassée plus tard. A travers le zouglou, mon sens de la répartie et du contact avec mon auditoire lors de mes spectacles m’a permis de me découvrir un goût pour les aspects comiques des histoires, même les plus graves. Tourner en dérision les situations les plus cocasses m’a toujours plu. Aujourd’hui, je veux donc explorer cette nouvelle expérience qu’est la scène comique interactive, elle me permet d’évoluer dans un registre que j’affectionne en continuant de faire ce que j’aime le plus : distiller la bonne humeur et entraîner tout le monde dans l’univers sympathique que je veux créer. »
zougloutiquement